72 E dépôt - Morvillars

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Cote/Cotes extrêmes

72 Ed CC1 - 72 Ed 1T1

Date

1695-1979

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales du Territoire de Belfort - Production

Description physique

6,60 ml

Biographie ou Histoire

HISTORIQUE SOMMAIRE DE MORVILLARS
Origine : un village probablement très ancien
Le nom, sous la forme « Morvilers », à l'étymologie incertaine, n'émerge des textes qu'en 1222 (mention de l'église). Mais le village est probablement plus ancien : « Villars » dérive du latin « villa ». 
La présomption d'ancienneté de l'habitat est corroborée par le nom du patron de l'église : Saint Martin. Les paroisses qui portent le vocable de l'apôtre des Gaules datent généralement de l'époque mérovingienne (qui vit la christianisation de notre région).
La paroisse (qui groupait Morvillars et Méziré, localité plus récente), a appartenu jusqu'à la Révolution au diocèse de Besançon, alors qu'à l'Est ses voisines dépendaient de l'évêché de Bâle. 
La commune de Morvillars constitue aussi une frontière géographique, établie dans la vallée alluviale de l'Allaine, sur les confins occidentaux du Sundgau, zone humide et froide de prairies et de forêts, à la lisière de la « trouée de Belfort » plus fertile.
Centre d'une minuscule seigneurie rurale dans l'Empire germanique
Pour faire pièce aux visées des ducs de Bourgogne, l'empereur, au XIe siècle, inféode la porte d'Alsace au lorrain Louis de Mousson. Au siècle suivant, ses descendants, les comtes de Ferrette et de Montbéliard se partagent ses fiefs : Morvillars est versé dans le comté de Montbéliard, mais en 1347, il est réuni à celui de Ferrette qui regroupe alors tout le Territoire de Belfort et que détient un Habsbourg (Maison d'Autriche).
Le village, néanmoins, n'est pas administré directement par les Habsbourg, ses suzerains dans le cadre de la souveraineté impériale. Il a un seigneur « inférieur », le seul avec lequel il ait à faire dans la vie quotidienne. Plusieurs familles nobles se sont succédées dans le petit château ou plutôt dans la grosse ferme fortifiée dont les fouilles récentes de M. Colney ont révélé le plan . Les restes du tombeau de l'un d'entre eux, Walther d'Andlau, mort en 1630, subsistent contre le mur ouest de la cure.
La seigneurie était minuscule, comprenant tantôt seulement Morvillars et Méziré, tantôt aussi Grandvillars, localité plus importante avec Thiancourt (de 1358 à 1409, de 1489 à 1519, 1624 à 1670, 1708 à 1758). C'est un seigneur de Grandvillars qui, en 1391, affranchit les habitants du servage. 
Les grands évènements politiques ou militaires de cette longue période, n'ont laissé à Morvillars que le souvenir de son incendie allumé par des troupes de passage en 1465.
Le village s'industrialise à l'époque moderne
La réunion officielle de l'Alsace à la couronne de France, en 1648, ne change pas grand chose à la vie des habitants qui continuent pratiquement à ne connaître que leur seigneur local. A la fin du XVIIe siècle, la seigneurie de Morvillars-Méziré est achetée par un noble de fraiche date, Pierre de la Basinière, et réunie à celle de Grandvillars. Riche, il répare le château, entreprend des travaux de voirie, et surtout il crée, en 1712, une tréfilerie de fer (une « tirerie »), complémentaire de la forge de Grandvillars ouverte en 1675.
Cette usine, la première du genre dans le royaume, fut considérée, au XVIIIe siècle, comme la plus importante d'Europe. On y fabriquait 23 à 24 sortes de fil de fer, et des clous vendus jusqu'en Espagne.
En 1759, Morvillars-Méziré est séparé de Grandvillars. La seigneurie est achetée par le commissaire des guerres de Belfort, François-Bernardin Noblat. Il y développe encore l'industrie, sans toutefois chercher de complémentarité entre les usines de Grandvillars et de Morvillars. Tandis que la première localité se dote d'une tréfilerie, Noblat ouvre une forge dans la seconde en 1763. Cette dernière va accueillir pour la première fois en France, la technique de laminage des fers ronds (jusqu'en 1844). A côté du moulin, il installe aussi une fabrique d'indienne, une de bas de laine et une tannerie.
Le village connaît alors un notable accroissement de population avec une petite immigration d'allemands à la fin du siècle. Ensemble, Morvillars et Méziré comptent en 1720 moins d'une centaine d'habitants (19 feux). En 1763, Morvillars seul possède 27 feux, soit environ 120 habitants dont 9 paysans et 18 ouvriers. A la veille de la Révolution, il y avait 120 ouvriers dans les diverses usines. En 1801 : 331 habitants (Méziré 287 et Grandvillars 761).
Parallèlement, la voirie est améliorée, le presbytère reconstruit (1723), la nef de l'église également (1752) et Noblat obtient le droit de tenir deux foires annuelles.
Morvillars, avec Méziré et Grandvillars renforcent leur fonction industrielle aux XIXe-XXe siècle, sans perdre complètement leur caractère rural
La Révolution avait balayé le système seigneurial. En 1807, un propriétaire de forges, de Seppois-le-Bas, Jean-Baptiste Migeon, achète les anciennes usines Noblat. En 1828, il y commence la fabrication des vis à bois et produit aussi rouleaux, charrues et diverses autres machines agricoles.
En 1835, sa fille épouse Juvénal Viellard, le fils du Maître de forges de Belfort. Libéral, il obtient successivement tous les mandats électifs : maire, conseiller général, député, sénateur, et meurt en 1886 à l'âge de 83 ans. Ses fils lui succèdent. La population conserve la mémoire de l'un d'entre eux, Léon, qui s'occupa plus particulièrement des forges de Morvillars. Esprit supérieur, il se pencha avec passion sur les problèmes sociaux des ouvriers et consacra ses loisirs à l'étude de l'histoire du Territoire (décédé en 1903).
En 1870, les usines Viellard-Migeon, sont en pleine prospérité. La construction, en 1866, de la voie ferrée Montbéliard-Delle que suit, en 1876, celle de Belfort-Delle par Moval et Morvillars, vient améliorer leur desserte. Elles emploient 1250 ouvriers dans la quincaillerie de Grandvillars, 450 dans la visserie de Morvillars (construite en 1844) et 250 dans la forge et la tréfilerie de Méziré. Mais, si la guerre de 1870 ne provoque pas de dommages à Morvillars qui abrite une ambulance prussienne et loge les troupes ennemies qui, de Belfort, viennent se reposer, la nouvelle frontière et le dynamisme de l'Allemagne vont rendre la concurrence étrangère beaucoup plus sévère. La production baisse. La visserie n'emploie plus que 121 ouvriers en 1889.
Pour donner du travail à la main-d'œuvre féminine, Charles Viellard installe, en 1910, avec l'aide de techniciens anglais, une fabrique d'hameçons, d'abord à Grandvillars, puis en 1938 à Morvillars. La fermeture des frontières aux produits anglais, pendant l'occupation, va contribuer à la réussite de l'entreprise. 
Equipements :
Ils ont suivi l'évolution de la population. En 1809, on répare l'école ; on l'agrandit en 1872-1873. 1870 voit la construction d'une fontaine publique et d'un lavoir communal. Le presbytère est agrandi en 1878, le cimetière clos en 1885, l'église complètement reconstruite de 1883 à 1886.
C'est pendant les 25 années de mandat du maire Henri Monnier (décédé en décembre 1966) que Morvillars va connaître les plus grandes transformations :
- Adduction d'eau (1945) modernisée en 1970
- Réparation des vitraux de l'église
- Rénovation de l'école publique (1951)
- Réseau d'assainissement (1951)
- Construction d'une maison commune : mairie, poste, dispensaire, salle des fêtes, douches (1957)
- Lotissement de la guinguette (1962)
- Rachat du « Vieux château » et de son parc (1964), affecté à l'enseignement puis aux Francas.
La décennie suivante est caractérisée par l'édification d'équipements scolaires et sportifs : CES (1970-1971), stade, gymnase&etc.
Bernadette Haegelin (1980)

Bibliographie

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
BECKER, G. « L'usine Viellard-Migeon, productrice d'hameçons », s.l: Est Républicain, 14 décembre 1956. -  s.p.
COLNEY, Michel. « L'ancienne maison forte de Morvillars », Belfort : Société belfortaine d'émulation, 1978. - 8 p.
COLNEY, Michel. Publication n° 1 du groupe de recherche archéologique du Territoire-de-Belfort, 1980. -  24 p.
KAHAN RABECQ, Marie-Madelaine. L'Alsace économique et sociale sous le règne de Louis-Philippe. Tome II : réponses du département du Haut-Rhin à l'enquête faite en 1848 par L'Assemblée nationale sur les conditions du travail industriel et agricole, Paris : Les Ed. des lettres modernes, 1939. - 276 p.
LIBLIN J. - Belfort et son territoire : recherches historiques - Bruxelles : Ed. Culture et Civilisation, 1978. - 296 p. (Réimpression de l'édition de Mulhouse de 1877).
SALCH, Charles-Laurent. Dictionnaire des châteaux de l'Alsace médiévale, Strasbourg : Ed. Publitoral,  1976. - 216 p. c
SCHAEDELIN, Félix. « Répertoire des titres féodaux concernant les localités du Territoire de Belfort de 1724 à 1648 »
Extrait du bulletin de la société belfortaine d'émulation, n° 49, 1935. p. 19-99.
SCHOULER Georges. « Contribution à l'histoire de l'industrie du Territoire de Belfort : l'industrie avant la guerre de 1870-1871 et les conséquences commerciales et industrielles du traité de Francfort dans le Territoire de Belfort »
 - 1ère partie - Extr. du Bulletin de la Société Belfortaine d'Emulation, n° 69, 1972-1973. p. 73-97.
- 2ème partie - Extr. du Bulletin de la Société Belfortaine d'Emulation, n° 70, 1974-1977. p. 33-36.
TROUILLAT, Joseph. Monuments de l'histoire de l'ancien évêché de Bâle, Tomes I à IV, Porrentruy : Victor Michel Libraire-éditeur, 1852-1861.
VIELLARD, Albert. Histoire de Morvillars et Méziré, 1926. - 78 p.
VIELLARD, Albert. Morvillars, Méziré et Grandvillars pendant la guerre de 1870-1871, Belfort : Société belfortaine d'émulation, 1936. - p. 261-273.
VIELLARD, Léon. Document et mémoire pour servir à l'histoire du Territoire-de-Belfort, Besançon : P. Jacquin, 1884. XI-548 p. 
« VIELLARD MIGEON et Cie ». Dans l'horizon de Belfort : n° 3, 1974. p. 10-12.

Cote/Cotes extrêmes

72 Ed CC1 - 72 Ed 1T1

Date

1695-1979

Industrie, inscription des livrets de travail des enfants et filles mineurs employés : circulaire préfectorale, registre.

Cote/Cotes extrêmes

72 Ed 6 F 2

Date

1885-1951