2 H dépôt - Maison maternelle et clinique d'accouchement Villa Reboud à Delle

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

2 Hd 2 M 1 1 Q 20

Date

1939-1981

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales du Territoire de Belfort - Production

Importance matérielle

0,52 ml (4 boîtes)

Biographie ou Histoire

« Le 10 juillet 1886, Adrienne Minarie, l'une des petites filles des meuniers de Delle, épousait le docteur Joseph Reboud, médecin militaire de profession. Le couple vint alors s'installer dans une grosse maison construite à la sortie de la ville, le long de la route de l'Alsace, chemin qui deviendra plus tard la rue Saint-Nicolas.
A la mort du médecin, en avril 1925, Adrienne Reboud se retrouva seule. La vieille dame fit alors appel aux religieuses de la Congrégation du Très Saint Sauveur de Niederbronn et l'une des religieuses de la communauté de Belfort vint l'aider à terminer sa vie.
A son décès en novembre 1933, la vaste propriété qui comprenait l'habitation, le corps de grange, les dépendances construites à l'arrière ainsi que le grand terrain s'étendant presque jusqu'à l'Allaine, échut aux religieuses. Elles en firent d'abord, dès 1934, une maison de retraite pour les sœurs devenues trop âgées ainsi qu'un lieu de colonies de vacances pour les enfants pauvres et orphelins de la région de Delle. Pour cela elles firent démolir la grange pour la remplacer par un bâtiment neuf. Puis survint la guerre.
De 1939 jusqu'à la libération du secteur en novembre 1944, les religieuses jouèrent un rôle discret mais très important. Elles accueillirent d'abord durant plusieurs mois le service du Deuxième Bureau puis la débâcle amena quantité de réfugiés notamment lorrains, qui venaient se heurter à la frontière suisse fermée. Dès leur arrivée en juin 1940, les troupes allemandes y installèrent provisoirement un cantonnement, un dépôt de munitions et une infirmerie militaire. Durant quatre années, les religieuses sous la direction de la supérieure sœur Marie Hubert, continuèrent alors à accueillir des réfugiés de toutes sortes, organisèrent une cantine scolaire et une soupe populaire. Elles dissimulèrent aussi quantité de gens dont elles assurèrent, à leurs risques et périls, les passages clandestins en Suisse. Enfin, lors des combats de la Libération, elles transformèrent le bâtiment annexe en antenne chirurgicale dont le docteur Braun de Belfort et son collègue dellois le docteur Dufraîche assurèrent la direction.
C'est au début de cette période agitée que la vocation de l'institution changea ; elle devint tout à fait fortuitement une maternité.
Le 17 octobre 1939, une jeune femme célibataire sur le point d'accoucher vint demander l'hospitalité. Au cours de la nuit, il fallut faire appel en urgence à la sage-femme de la ville, Mme Petitjean. Naquit une petite fille que l'on prénomma Marie-Thérèse. Cette naissance fut suivie par beaucoup d'autres. Durant trente six ans, des milliers d'enfants de la région virent le jour dans ce qui était devenu officiellement la Maternité de Delle. Grâce à l'appui financier des industriels de la ville, l'institution put fonctionner pour la satisfaction de tous sous la responsabilité des docteurs Manant jusqu'en 1942 puis Dufraîche, et grâce aux deux sages-femmes de la localité, Mmes Petitjean et Renaud, aidées par sœur Théophane Vénard.
Les naissances survenant au nombre d'au moins deux cents chaque année, il fallut bientôt agrandir la maison. En 1951-1952, un nouveau corps de bâtiment fut ainsi accolé à l'arrière de l'ancienne habitation Reboud. L'été 1967, ce fut au tour du terrain resté en pré d'être converti en parc d'agrément. Puis peu à peu, les problèmes survinrent. Chute régulière des naissances, difficultés financières, nécessités de mettre aux normes une institution qui ne l'était plus depuis longtemps obligèrent les religieuses à fermer la maternité. La dernière naissance eut lieu le 12 juillet 1975.
Parallèlement à la maternité, une Maison maternelle fonctionnait dans le bâtiment annexe depuis janvier 1952. Elle accueillait les « filles mères », comme on disait alors, dont les familles ne voulaient pas assurer l'entretien. Les jeunes filles abandonnées pouvaient y accoucher en toute discrétion si elles le souhaitaient. Elles trouvaient là une chambre, des vêtements, des repas, des soins, ainsi qu'une pouponnière que surveillait en permanence une religieuse. Elles y recevaient en même temps une aide et des conseils précieux pour affronter les démarches administratives, ainsi qu'un enseignement ménager prodigué par une monitrice spécialisée. A leur sortie, les pensionnaires repartaient dans leurs familles ou, à défaut, restaient quelques jours à Delle, le temps que la sœur assistante sociale de l'institution leur trouve un logement et un emploi.
La Maison maternelle connut immédiatement un gros succès. Le nombre de jeunes filles accueillies chaque année oscilla entre trente et cinquante et atteignit même soixante en septembre 1972. Puis, comme pour la maternité, des difficultés surgirent : problèmes de financement, libéralisation de l'avortement et exigences de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (D.D.A.S.S.) eurent raison du dévouement des religieuses. Le 31 mars 1981, la Maison maternelle ferma ses portes.
Les locaux restèrent vides jusqu'en 1983. Décision fut alors prise de les réaménager pour en faire cette fois une maison de retraite pour les prêtres et religieuses qui souhaiteraient venir y passer leurs derniers instants. Entrepris l'année suivante, les travaux furent rapidement achevés et l'institution put débuter sa nouvelle et dernière activité. Elle accueillit des pensionnaires jusqu'en 1996 puis les autorités de la Congrégation du Très Saint Sauveur prirent la décision, cette fois définitive, d'abandonner Delle. Les deux dernières religieuses à être présentes, sœur Roselyne et la supérieure sœur Anne-Marie, partirent fin août 1997, laissant une propriété promise à une nouvelle destinée. »

Source : Michel COLNEY

L'intérêt et la richesse des fonds des congrégations religieuses résident dans la particularité d'une double mission médicale et sociale.
La clinique d'accouchement et la Maison maternelle, que la Congrégation des Sœurs du Très Saint Sauveur mettra en place à Delle, auront un impact certain sur la vie de la commune sur le plan démographique et économique.
Ces archives témoignent également des conditions d'existence de ces « filles-mères » ou de ces jeunes femmes rejetées par leur proche. Ainsi un parallèle peut être fait avec les documents conservés dans les fonds des services de l'enfance ou de l'Association départementale d'insertion des jeunes de Bavilliers. En effet, certaines de ces jeunes filles ou les enfants qu'elles mettront au monde feront, dans la plupart des cas, l'objet d'une mesure de placement par l'administration dans le département ou leur département d'origine.

Modalités d'entrées

Le présent fonds a été déposé le 17 juin 2013 aux Archives départementales du Territoire de Belfort par la Congrégation des Sœurs du Très Saint Sauveur d'Oberbronn dans le Bas-Rhin.

Présentation du contenu

Le fonds est constitué des registres des entrées et des sorties de la clinique d'accouchement et de la Maison maternelle de Delle ainsi que des dossiers d'admissions des mères.

Mode de classement

Les registres des entrées et des sorties ont été classés dans l'ordre chronologique dans lequel les missions de la Congrégation sont apparues, soit la maternité puis la Maison maternelle.
Les dossiers des mères sont conservés dans l'ordre chronologique d'admission au sein de l'établissement.

Conditions d'accès

Le présent fonds est communicable et reproductible selon les lois, décrets et règlements en vigueur pour les archives publiques.

Documents en relation

Archives publiques

Conseil général du Territoire de Belfort

1069 W 255    Direction de la solidarité, aide sociale à l'enfance : dossiers des mères accueillies à la maison maternelle.    1966-1981
Echantillonnage B.M.T.
Contient le registre des admissions pour la période du 11 janvier 1952 au 19 mars 1981.
    
Association Départementale d'Insertion des Jeunes (A.D.I.J.)

1717 W 1-9    Foyer de Bavilliers : dossiers enfance.    1930-1979

1732 W 1-9    Foyer de Bavilliers : dossiers enfance.    1965-1987

Archives privées

Archives des architectes Oudard père et fils

166 J 297    Congrégation des Sœurs du Très saint Sauveur à Delle, réaménagement d'un immeuble au 9 rue Saint-Nicolas à Delle : entreprises, plans, réception, photographies (villa Reboud, clinique d'accouchement et maison maternelle.     1985

166 J 316    Congrégation des Sœurs de Delle : devis.    s.d.

166 J 346    Congrégation des Sœurs du Très Saint-Sacrement à Delle, réaménagement d'un immeuble au 9 rue Saint-Nicolas à Delle : permis de construire, appel d'offres, ordres de service, correspondance.     1983-1985

Bibliographie

COLNEY (Michel). « L'ancienne Maternité Reboud », dans Delle Infos, n° 74, janvier 2010, p. 10-15 [Cote A.D.T.B. P 309]

DUCLOUX (Louis). « Sœurs sur le départ », dans Le Pays, 25 avril 2005 [Cote A.D.T.B. PR 1]

Cote/Cotes extrêmes

2 Hd 1 Q 7-9

Date

3 janvier 1961-31 mars 1981

3 janvier 1979-31 mars 1981

Cote/Cotes extrêmes

2 Hd 1 Q 9

Date

3 janvier 1979-31 mars 1981

Présentation du contenu

Contient la correspondance d’une ancienne pensionnaire à l’attention de Sœur Anne-Marie.